Le Beit Haverim milite activement pour l’adoption de la loi pour le mariage. Nous avons signé l’appel pour la manifestation du 16 décembre, et nous participerons également à la marche qui aura lieu le 27 janvier 2013. Quelques mots sur nos positions et notre engagement dans le débat actuel.

L’association a été créée en 1977, est membre de l’Inter-LGBT, et n’est pas une association cultuelle mais culturelle et laïque. Elle prend en compte tous les aspects de l’identité juive ainsi que les identités et orientations sexuelles. L’association est indépendante et n’appartient à aucun courant ou synagogue en particulier. L’association rencontre et dialogue avec tous les acteurs de la vie juive, et est ouverte sur la cité.

  • Notre position par rapport aux revendications pour le Mariage pour tous : Nous réclamons l’égalité des droits (Voir l’argumentaire de l’Inter-LGBT Agissons pour l’égalité). Corrigeons tout d’abord une confusion fréquente : les gens pensent parfois que nous sommes juifs avant d’être citoyens, et que juifs signifie nécessairement religieux. Or notre association est une association LGBT militante, ouverte sur la Cité. Il est donc naturel que nous ayons les mêmes positions que l’ensemble des associations LGBT. En ce qui concerne le caractère juif de notre association, il implique en réalité des identités multiples : cultures juives diverses, éducations et parcours variés, pratiques religieuses et convictions philosophiques radicalement différentes. Notre association ne peut donc pas s’exprimer au nom des juifs homosexuels, ne peut être affiliée, et ne dit pas à la communauté juive ce qu’elle doit faire ou penser. La communauté juive est, en plus de cela, aussi complexe que le Beit Haverim. Nous avons vocation à être un phare, et à faire avancer la visibilité des personnes juives LGBT. Nous avons la mission de rappeler et de faire vivre les valeurs de tolérance et de respect de l’autre. Nous avons également vocation à nous exprimer dans notre différence au sein de la communauté LGBT, qui doit, elle aussi, être aussi mixte que possible. Les personnes LGBT viennent de tous horizons.
  • Notre position par rapport à la communauté Juive : Nous sommes en désaccord avec le contenu de l’essai du Grand Rabbin de France. Nous préférons ne garder en tête que le positif, lorsque Gilles Bernheim avait signé l’appel de l’IDAHO contre les violences homophobes faites au nom de la religion, il y a un an (Voir dans le Menu Principal: Citoyenneté -> Prévention). Malheureusement, le Grand Rabbin Gilles Bernheim a récemment publié un essai dont la terminologie est quasiment guerrière (« cheval de Troie » pour le mariage pour tous) qui accuse les militants homosexuels. Notre premier regret est l’ingérence religieuse dans le débat politique. Personne ne songe à imposer aux communautés religieuses le mariage pour tous. Le divorce, interdit par l’Eglise catholique, n’y existe toujours pas, bien qu’il existe dans le code civil depuis longtemps maintenant. Nous avons rencontré Gilles Bernheim depuis sa prise de position et nous restons dans le dialogue. Les réactions n’ont pas tardé à suivre. Une juriste et un chercheur ont dénoncé “un judaïsme sans pertinence” sur Le Monde.fr, dénonçant la branche la plus conservatrice du Judaïsme orthodoxe et Consistorial. Le Beit Haverim s’est bien sûr immédiatement exprimé par l’intermédiaire de son Porte-Parole Franck Jaoui, qui a co-signé un article sur Le Monde.fr et qui a poursuivi son argumentaire dans une intervention sur Radio J, ainsi que sur Judaïques FM. Le rabbin Yeshaya Dalsace, du mouvement massorti, n’avait pas tort lorsqu’il déclarait dans Libération que ce débat ne concerne pas la religion : au nom de la laïcité, il a dénoncé une ingérence du religieux dans le débat républicain, et, au mois de décembre, a déconstruit l’argumentaire du Grand Rabbin de France dans un article très riche. Néanmoins, parce que nombreux sont ceux qui le réclament, il est nécessaire et inéluctable que les communautés juives de diverses tendances réfléchissent et évoluent à leur niveau sur la question de la place faite aux LGBT et à leur famille. Pour le mouvement massorti et libéral (non-consistoriaux), la question n’est plus d’accepter l’homosexualité, mais d’aller plus loin dans l’inclusivité, alors même que les enfants issus de ces familles homoparentales font leur Bar Mitsvah depuis longtemps. Notons que le premier rabbin ouvertement homosexuel officiera très prochainement dans une communauté libérale. Le Beit Haverim, en tant que phare, a le devoir d’être présent et de s’exprimer dans la communauté juive, pour faire évoluer le débat social.

Nous nous réclamons d’une tradition à la fois pragmatique et exigeante sur le plan intellectuel. Nous revendiquons un héritage philosophique humaniste et ouvert. Nous sommes attachés à une culture riche et chaleureuse, et nous nous réjouissons de tous les soutiens à l’égard les droits LGBT au sein de la communauté juive. En ce qui concerne la religion, nous encourageons tous les courants du Judaïsme à poursuivre leur réflexion et à réviser leur point de vue. Le Judaïsme est une tradition vivante qui exige un questionnement permanent. Nous affirmons l’idée que l’homosexualité ne pose aucun problème éthique, et nombreux sont celles et ceux qui dans le monde juif en France et ailleurs, partagent depuis longtemps ce point de vue.

De nombreux acteurs de la vie juive ont apporté leurs voix au débat : rabbins, chercheurs, associations… Nous vous invitons à retrouver ici les réflexions dont nous nous sentons proches, ainsi que nos propres interventions (radio, presse) :